"Lorsqu'on voit Jong Dae, on n'arrive pas à s'imaginer ce qu'il fait réellement de ses journées. Il a tout du mec banal par excellence - bien qu'un brin trop cynique et handicapé socialement pour le commun des mortels : un appartement, un diplôme en main, un avenir correct tout tracé, une belle gueule, et il m'a moi. Mais il faut croire que vouloir tout foutre en l'air a un côté plus excitant.

Déjà au lycée, il était bien parti pour mal tourner - et moi aussi, même si Père avait tout fait pour nous ramener sur la voie de la raison. On sortait beaucoup trop, et Jongdae éprouvait une fascination malsaine pour tout ce qui relevait de la criminalité. Il voulait comprendre ce qui pouvait mener de simples personnes à égorger leurs gosses, tout ça... Et comme moi, il a décidé de foutre un gros doigt à toute la famille. Il a dit non aux études de droit et s'est lancé en psycho. Moi, je me suis mis à bosser dans un bar. 

On est partis vivre tous les deux dans un petit appartement, et tous les soirs, je voyais Jongdae s'éclipser en douce pour aller faire je-ne-sais-quoi. Puis un jour, je l'ai entendu parler du Major, de courses, de CZ-75 à livrer, du fleuve Han. Sur le coup, je n'avais rien compris. Maintenant, je fais juste comme si je ne voyais pas. Il revient toujours avec des sommes astronomiques. Et je n'ai pas envie de savoir comment il se les procure. C'est plus simple comme ça. 

Un jour, je lui ai demandé pourquoi est-ce qu'il ne voulait pas se trouver un cabinet de psychologues, quelque chose de stable, et il m'a regardé comme si j'étais la chose la plus stupide mais la plus précieuse qu'il n'avait jamais vu. Il a sourit, avec ses belles dents blanches, et il m'a dit : “Jongin. C'est toi et moi contre le monde, tu te souviens ? Je fais ça pour nous.”

Il disait toujours ça quand on était gosses."

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Jongin, son frère jumeau.