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Alfreed Aaren

"Ce garçon respire la douceur. Il semble tellement calme, attentif à ce qui l'entoure, sensible, et d'une gentillesse sans fin. Enfin, c'est ce qu'on peut constater quand il se pointe ici pour bosser. De temps en temps, il vient faire du travail au noir au magasin, mais il a toujours refusé le poste fixe que j'étais prêt à lui offrir. Allez savoir pourquoi.

Je l'aime bien, Alfreed. Il bosse correctement, mais on peut pas dire qu'il est très causant avec le staff. On l'entend jamais raconter ce qu'il fait de ses journées, ni même parler de ses amis, de sa famille. Je sais que Sigrid, sa mère, tient une bonne boîte. C'était une ancienne cliente. Et c'est sa frangine qui va récupérer le poste de patronne, donc le petit peut se permettre de faire un peu ce qui lui plait. Tant mieux tu me diras, il ne semble pas avoir les épaules pour ce genre de business. Je dirais qu'il manque de mordant.

Mis à part ça, je sais que son truc à lui, c'est les romans d'horreur. C'est toujours ce qu'il pique dans les rayons quand il n'y a pas de client. C'est drôle, ça semble tellement en décalage avec ce qu'il dégage."

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"J'ai envie de partir. A chaque fois que je te vois, je te jure que j'ai envie de tout foutre en l'air. T'es qu'une salope, putain. Je te hais. Je te hais autant que je t'aime.

Ester Aaren, tu es une putain de salope. Mais tu sais que je n'ai pas le choix. Tu sais que je n'ai pas d'autre option. Tu sais que je n'ai nulle part où aller, si je quitte cet appartement de merde, dans cette ville de merde, avec toi et tes merdes. 

Comment je pourrais justifier ça auprès de maman ? Comment je pourrais lui expliquer quel genre de femme tu es devenue ? Elle en deviendrait folle, ou elle ne me croirait pas. Elle a tant choses à penser. Comment je pourrais m'en sortir, si je n'ai plus son soutien ? Elle prendrait ton parti, c'est certain. Toi et ta belle image, ton beau sourire. Putain, face à ça, je ne fais pas le poids. C'est évident. Elle mettrait ça sur le compte d'un caprice du jaloux de petit frère, à qui rien est laissé, qui recherche juste de l'attention. 

Tu joues au pilier, dans cette maison. Tu fais celle qui me soutient, qui me protège, qui m'éduque quand elle est pas là. Mais en réalité, t'es probablement la pire femme que je n'ai jamais rencontré.

J'aimerais tellement que ça s'arrête. Mais tu sais que je n'aurais pas le courage d'ouvrir ma gueule, ou de m'en aller. Parce que malgré tout, tu comptes pour moi. J'aimerais que tout redevienne comme avant. Tu le sais, et tu en profites."

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